Les Limites du Vivant - L’euthanasie et la fin de vie


publié le samedi 15 février 2014, par UBF

En ce qui concerne les limites du vivant, le début et la fin de la vie, ce communiqué est le fruit des débats ayants eu lieu lors de la deuxième journée des Assises du Bouddhisme de France qui se sont tenues le 19 Octobre 2013.
Le Vivant dans sa dimension absolue s’inscrit dans une succession continuelle de changements et de transformations ; il est donc impossible d’y distinguer un début et une fin ou de fixer un commencement et un arrêt à cette vie qui peut prendre toutes les expressions connues ou inconnues, visibles ou invisibles, rationnelles ou irrationnelles.
Dans sa dimension conventionnelle, chaque existence, chaque être vivant, naît et meurt, apparaît et disparaît, se forme et se déforme. Chaque tradition bouddhiste pourra avoir ses propres critères de début et de fin et prendra comme principal critère le moment probable de l’apparition et la disparition d’une conscience propre à chaque être. Il n’y a pas une position commune à toutes les traditions bouddhistes sur ce sujet.
Il est important de préciser que ces deux dimensions ne s’opposent pas et ne sont pas contradictoires mais cohabitent constamment, ce qui empêche d’avoir une expression dogmatique et définitive sur ces questions. Cependant il serait très dangereux de vouloir interpréter l’une à partir de l’autre et il est nécessaire de toujours savoir de quel point de vue nous nous plaçons.
Du point de vue conventionnel, toute intervention humaine volontaire à l’apparition ou la disparition d’une vie ne doit être analysée qu’à partir des intentions profondes qui la motivent. Seul un authentique esprit de compassion dénué de tout attachement pourrait éventuellement et toujours en fonction des circonstances précises d’une situation, justifier une telle intervention.

En ce qui concerne l’euthanasie et la fin de vie, nous reprenons les termes du communiqué rédigé lors de la première Journée des Assises du Bouddhisme de France :

D’une façon unanime, toutes les traditions bouddhistes sont opposées à l’arrêt volontaire de la vie d’une personne. En effet, quelles que soient les visions et interprétations de la mort et de l’après vie, qui peuvent être très différentes selon les traditions bouddhistes, toutes se rejoignent sur le fait qu’il ne faut pas ôter volontairement la vie d’un être vivant et à plus forte raison, d’un être humain.
D’un point de vue légal, la loi Léonetti est satisfaisante et bien adaptée. En effet, les soins palliatifs, l’accompagnement des personnes en fin de vie, le soulagement de la douleur et surtout le non-acharnement thérapeutique conviennent parfaitement à l’éthique bouddhiste. Encore faut-il que cette loi soit vraiment connue et appliquée partout.
D’un point de vue spirituel, la communauté bouddhiste dans son ensemble, insiste sur l’énorme travail à accomplir en amont dans notre société : pédagogie sur la vie et la mort, enseignements et réflexions religieuses et philosophiques sur la réalité incontournable de la fin de vie (vieillesse, maladie et mort), éducation sur les peurs et la mort vécue comme un « échec », pratiques de méditation et de tout ce qui peut être utile à une personne pour se préparer à ce moment.
Afin d’aller dans ce sens, il semble évident que l’accompagnement à la fois affectif, médical et spirituel soient indissociables et indispensables. Outre les soins palliatifs et le soulagement de la douleur, l’accompagnement spirituel devrait être systématiquement proposé et toute décision sur l’arrêt éventuel des traitements en cours devrait être prise en « bonne intelligence » entre la personne concernée si elle est encore en état, les proches, le personnel soignant et l’accompagnant spirituel.

Dans tous les cas, les trois points essentiels que toutes les traditions bouddhistes partagent sont les suivants : - Le premier précepte qui consiste à ne pas interrompre volontairement le fil de la vie. - Permettre à la personne de vivre « le mieux possible » ce processus naturel qu’est la fin de vie et la mort en l’accompagnant spirituellement avant, pendant et après. - Animé par l’esprit de compassion et de bienveillance, tout faire pour soulager les douleurs physiques insupportables ainsi que les souffrances mentales de la personne en fin de vie et celles de ses proches.

Rédacteur : Olivier Wang-Genh

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