Le Bouddhisme
Est une tradition spirituelle apparue en Inde il y a plus de deux mille cinq cents ans. Depuis, elle s’est diffusée à travers l’Asie en s’adaptant chaque fois aux peuples et aux coutumes qu’elle a rencontrés.
Il y a une quarantaine d’années, le Bouddhisme tibétain s’est développé en Europe. C’est l’intérêt des Européens eux-mêmes qui a permis cette rencontre.

À l’origine du Bouddhisme

Après avoir renoncé à son royaume et mené une vie contemplative, le prince Siddharta du clan des Shakya a réalisé l’Éveil à trente-cinq ans. C’est alors qu’il fut connu comme le Bouddha Shakyamuni. Il enseigna durant quarante-cinq ans dans l’Inde antique. L’essentiel de son enseignement établit l’origine de la souffrance, les causes de la souffrance, l’état au-delà de la souffrance et les moyens de réaliser cet état. C’est la base de toutes les formes de Bouddhisme, et en particulier du Bouddhisme Theravada largement répandu en Asie du Sud-Est à l’heure actuelle.
Des enseignements plus tardifs du Bouddha portant sur le potentiel de sagesse inné à chaque être ont donné naissance à la seconde grande branche de l’enseignement bouddhiste: le mahayana. Il s’est diffusé par exemple en Chine, au Tibet, au Japon...

La préservation de l’enseignement

Durant la vie du Bouddha vont se créer différentes communautés monastiques et laïques désireuses d’approfondir l’enseignement. Mais après sa disparition physique va se poser le problème de la pérennité de son enseignement.
Les disciples les plus avancés organisent différents conciles afin de vérifier entre eux si l’enseignement est toujours assimilé, pratiqué et réalisé. Toutefois, avec le temps, les traductions dans les différents dialectes indiens vont pousser les conciles successifs à mettre par écrit les enseignements du Bouddha.
Ces enseignements seront répartis en trois types, appelés les « trois corbeilles » (sanskrit: tripikata ) :
• le premier regroupe les enseignements concernant les règles de vie commune et la
conduite ;
• le second regroupe les instructions de méditation ;
• le dernier synthétise les enseignements concernant la nature des phénomènes et leur mode d’apparition.

Dès lors, les enseignements du Bouddha ne seront plus seulement transmis de bouche à oreille mais disposeront d’un support écrit.

L’institutionnalisation de l’enseignement

Les communautés se développent en monastères et en centres de retraite, mais aussi en universités. Les paroles du Bouddha sont compilées, commentées, et débattues par des maîtres prestigieux. Des courants se forment et se confrontent dans des débats philosophiques.
Les textes fondamentaux sont traduits et se diffusent à travers les empires au gré des voyages des moines errants. Au troisième siècle avant l’ère chrétienne l’influence du Bouddhisme s’étend à la Perse, à la Chine, au Sri Lanka...
Des universités prestigieuses comme l’université de Nalanda ou de Valabhi accueillent à partir du cinquième siècle de notre ère, soit mille ans après le Bouddha Shakyamuni, des milliers d’étudiants et de moines. Certains viennent de Chine, du Cachemire, du Tibet..
Grâce au patronage d’empereurs et de rois, le Bouddhisme va devenir une tradition spirituelle largement diffusée à l’extérieur de l’Inde.


L’arrivée du Bouddhisme au Tibet

Le Bouddhisme mahayana se déploie au Tibet entre le septième et huitième siècles, même si des découvertes récentes attestent d’influences dès le troisième siècle de notre ère.
L’expansion du Bouddhisme au Tibet se fait à la faveur de rois soucieux d’asseoir la puissance acquise par le Tibet à cette époque. Ces rois vont consacrer des efforts importants à l’établissement du Bouddhisme, par exemple la grammaire va s’aligner sur le sanskrit afin de faciliter les traductions. Des maîtres et des érudits vont être invités au Tibet pour enseigner.
D’une façon générale, jusqu’à la disparition du Bouddhisme de l’Inde au douzième siècle, les Tibétains vont s’efforcer de recueillir les transmissions le plus consciencieusement possible.
Beaucoup d’entre eux se rendront en Inde, apprendront les langues et entreprendront des voyages dangereux et difficiles, ne serait-ce que pour ramener un seul enseignement d’un
maître indien.
Cet effort démesuré pour rassembler et préserver l’enseignement du Bouddha va se manifester à travers quatre écoles principales:

• L’école Nyngma, qui tire son nom du fait qu’elle est la plus ancienne. Les enseignements sur lesquels elle se fonde se basent essentiellement sur la première expansion du Bouddhisme au Tibet au huitième siècle.
• L’école Shakya et l’école Kagyu se développent autour du douzième siècle à partir d’enseignements de maîtres indiens. Les fondateurs de ces écoles sont des Tibétains, qui ont eux-mêmes réalisé et assimilé parfaitement ces enseignements.
• L’école Guelug est la plus récente. Elle se développe au Tibet durant le quinzième siècle à la faveur d’un important mouvement de réforme.
Ces écoles reposent sur une base bouddhiste commune, mais chacune met l’accent sur des aspects philosophiques particuliers ou des méthodes de méditation spécifiques._Cette diversité montre la richesse de l’enseignement bouddhiste et le fait qu’il s’agit avant tout d’une expérience spirituelle vivante, transmise de maître à disciple et approfondie au fil des siècles.

L'arrivée du Bouddhisme tibétain en Europe

Cette tradition vivante a failli disparaître en 1959. Suite à l'invasion chinoise, de nombreux Tibétains, dont des maîtres importants, quittent le Tibet pour se réfugier en Inde.
Fragilisés, les détenteurs de l'école Kagyu se réunissent autour d'une figure importante de leur école: le 16ème Gyalwa Karmapa.
Le 16ème Gyalwa Karmapa s'emploie à rassembler et à restructurer les enseignements à partir de son siége au Sikkim. Cette situation de crise donne l'occasion au Bouddhisme tibétain de s'ouvrir au monde, et notamment à l’Occident.
Le 16ème Gyalwa Karmapa est invité à plusieurs reprises en Europe et aux États-Unis et constate l'intérêt que les occidentaux portent à l'enseignement bouddhiste.
Pour satisfaire à ces demandes répétées, il envoie des maîtres éminents de son école au début des années soixante-dix, tels que Kalou Rinpoché, Guendune Rinpoché, Jigmé Rinpoché, Lama Teunsang notamment, qui fonderont des centres dans différentes régions de France et d’Europe.

Pour restituer le Bouddhisme de façon intégrale et complète:
. Des étudiants accomplissent des retraites de méditation intensive.
. Des personnes s'engagent dans la vie monastique afin de développer un mode de vie contemplatif et de consacrer leur temps à l'étude et à l'enseignement.
. Des temples sont construits pour mettre des lieux à la disposition de ceux qui souhaitent pratiquer, et dans le même temps des centres d'enseignements s’organisent dans toute l'Europe.
. Les textes bouddhistes fondamentaux sont rassemblés et mis au propre, et des personnes étudient le tibétain afin de permettre au plus grand nombre d’avoir accès à ces textes.
Cette démarche s'accompagne d'une structuration et d'une reconnaissance par les pouvoirs publics. En 1988 est reconnu par le ministère de l’intérieur la première communauté monastique comme congrégation religieuse. C’est la première fois qu’une congrégation non chrétienne bénéficie d’une telle reconnaissance. Il en existe plusieurs aujourd’hui en France.


L’Europe: une nouvelle terre d’accueil pour le Bouddhisme?

Cette reconnaissance permet d’équilibrer la vie contemplative avec l’enracinement dans un monde moderne tourné vers l’échange et la communication. Le but est de restituer de façon authentique et de mettre à disposition un enseignement de plus de deux mille ans portant sur la philosophie et la méditation. Cette transmission est restée vivante malgré les périples de l’histoire. Aujourd’hui, à la demande ardente des occidentaux, elle s’implante lentement en Europe.

La société civile interroge le Bouddhisme sur ce qu’il peut apporter de meilleur au monde.
Cette structuration encourage cet échange en lui donnant un cadre, par exemple:
• Par des rencontres interreligieuses régulières
• Par des associations d’accompagnement aux personnes en fins de vie
• Par des échanges avec le monde de l’éducation, le monde médical

Décret du 08 janvier 1988, Journal Officiel du 10 janvier 1988_
Morange J: Études de la documentation française, 1992, p.33_
rép. De Cuttoli Sén. 24 mars 1988, p.412
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